Remonte, lent rameur, le cours de tes années,

Et, les yeux clos, suspends ta rame par endroits…

La brise qui s’élève aux jardins d’autrefois

Courbe suavement les âmes inclinées.
Cherche en ton coeur, loin des grand’routes calcinées,

L’enclos plein d’herbe épaisse et verte où sont les croix.

Écoutes-y l’air triste où reviennent les voix,

Et baise au coeur tes petites mortes fanées.
Songe à tels yeux poignants dans la fuite du jour.

Les heures, que toucha l’ongle d’or de l’amour,

À jamais sous l’archet chantent mélodieuses.
Lapidaire secret des soirs quotidiens,

Taille tes souvenirs en pierres précieuses,

Et fais-en pour tes doigts des bijoux anciens.

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