A une jeune fiancée

À une jeune fiancée

La veille de son mariage.
Un jour, Mademoiselle, un passant, presque un vieux,

Vint s’asseoir au foyer béni de votre père,

Et – vous gardez encor ce souvenir, j’espère -

Fut charmé par l’éclat rêveur de vos grands yeux.

Vous étiez une enfant folâtre, un peu rebelle;

Chacun obéissait quand vous disiez : je veux!

Et, mutine, écartant le flot de vos cheveux,

Vous riiez en voyant qu’on vous trouvait si belle.

Je vous fis quelque peu sauter sur mes genoux;

Mon baiser s’égara dans vos boucles soyeuses;

Et, malgré mon front grave et vos mines joyeuses,

Une franche amitié s’établit entre nous.

Elle a duré. Plus tard, la douce jeune fille,

Rayonnante, et dans tout l’éclat de son printemps,

Remplaça par degrés l’espiègle de sept ans…

Mais je restai pour elle un peu de la famille.

Je vous voyais grandir, hélas! presque à regret;

Et pourtant j’écoutais d’une oreille ravie

Monter autour de vous des murmures d’envie

Contre celui qu’un jour votre coeur choisirait.

Le choix est fait enfin. L’âme soeur de votre âme

A, dans un jour heureux, croisé votre chemin;

La main d’un fiancé s’est mise en votre main;

Vous n’êtes plus enfant : demain vous serez femme!
C’est l’ordre universel, on s’en plaindrait en vain;

La nature en tout lieu suit sa loi souveraine;

Après le frais bouton voici la fleur sereine,

De qui doit à son tour naître le fruit divin.
Oh! ne l’oubliez pas, ce jour que le ciel dore

En bénissant l’hymen de deux bonheurs rêvés,

Ce jour si radieux, hélas! vous le savez,

L’ère des grands devoirs point avec son aurore.
Que Dieu jonche de fleurs votre nouveau sentier!

Qu’il guide votre esquif vers des rives ombreuses!

Et, s’il vous faut, pour faire envie aux plus heureuses,

Notre voeu le plus cher, vous l’avez tout entier!
À tous les saints devoirs vous resterez fidèle :

Vous naquîtes d’un sang qui ne saurait déchoir;

Et, dans la mère en pleurs qui vous bénit ce soir,

De toutes les vertus vous avez le modèle.
Allez, soyez aimée! et songez quelquefois

Au vieil ami d’antan, qui, paupière mouillée,

Avec le bon papa, le soir, à la veillée,

Parlera bien souvent du bébé d’autrefois.

Celui que votre coeur aime entre tous les autres,

Celui qui vous enlève au doux toit paternel,

En se liant à vous par un mot solennel,

Va – loin de son pays – devenir un des nôtres.
Qu’il soit le bienvenu! Nous aimons à genoux

La France – son berceau – notre France sacrée…

Et nous applaudissons à l’union qui crée

Un doux lien de plus entre la France et nous!

Évaluations et critiques :

A une jeune fiancée
{{ reviewsTotal }}{{ options.labels.singularReviewCountLabel }}
{{ reviewsTotal }}{{ options.labels.pluralReviewCountLabel }}
{{ options.labels.newReviewButton }}
{{ userData.canReview.message }}

Partagez votre poésie avec le monde! Quelle est votre opinion sur ce poème?

S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x