Epistre burlesque à Madame de Bourron

Ma belle Dame de BOURRON,

Le pauvre Diable de Scarron

Tres-humblement vous remercie

De vos trois melons et vous prie

De vous contenter bonnement

De son petit remerciment.

Il voudroit bien, à la pareille,

Vous envoyer quelque merveille ;

Car merveille peut on nommer

Le melon qu’il vient d’entamer ;

Mais chez un homme de sa sorte

Que rien n’entre et que rien ne sorte

Qui passe pour bien merveilleux,

Si ce n’est que de vos beaux yeux

Sa maison devint esclairée :

C’est verité tres averée.

Contentez vous donc bonnement

De mon petit remerciment.

Si j’avois mieux, peste m’estrangle

Ou d’un dard pointu comme un angle

Me Puisse le coeur transpercer

Si sur le champ, sans balancer,

Vous ne l’eussiez eu, belle Dame

Que j’ayme de toute mon ame ;

Et de cecy ne doutez pas,

Tresor charmant de bruns appas,

Dont les yeux, à lances d’ebene,

Sur les coeurs courent la quintaine.

Fait à Paris, en avallant

Un de vos melons excellant.

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Epistre burlesque à Madame de Bourron
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