Lassitude

Je dormirai ce soir d’un large et doux sommeil.

Fermez les lourds rideaux, tenez les portes closes,

Surtout ne laissez pas pénétrer le soleil.

Mettez autour de moi le soir trempé de roses.
Posez, sur la blancheur d’un oreiller profond,

Ces mortuaires fleurs dont le parfum obsède.

Posez-les dans mes mains, sur mon cœur, sur mon front,

Ces fleurs pâles, qui sont comme une cire tiède.
Et je dirai très bas : « Rien de moi n’est resté.

Mon âme enfin repose. Ayez donc pitié d’elle !

Respectez son repos pendant l’éternité. »

Je dormirai ce soir de la mort la plus belle.
Que s’effeuillent les fleurs, tubéreuses et lys,

Et que se taise, enfin, au seuil des portes closes,

Le persistant écho des sanglots de jadis…

Ah ! le soir infini ! le soir trempé de roses !

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Lassitude
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