Quand vous suiviez ma trace,

J’allais avoir quinze ans,

Puis la fleur, puis la grâce,

Puis le feu du printemps.
J’étais blonde et pliante

Comme l’épi mouvant,

Et surtout moins savante

Que le plus jeune enfant.
J’avais ma douce mère,

Me guidant au chemin,

Attentive et sévère

Quand vous cherchiez ma main.
C’est beau la jeune fille

Qui laisse aller son coeur

Dans son regard qui brille

Et se lève au bonheur !
Vous me vouliez pour femme,

Je le jurais tout bas.

Vous mentiez à votre âme,

Moi, je ne mentais pas.
Si la fleur virginale

D’un brûlant avenir,

Si sa plus fraîche annale

N’ont pu vous retenir,
Pourquoi chercher ma trace

Quand je n’ai plus quinze ans,

Ni la fleur, ni la grâce,

Ni le feu du printemps ?

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