La Vie des Morts – La Nature – 02 – Les arbres

Les grands chênes, pareils à de sombres amants,

Tordent dans l’air leurs bras où pend leur chevelure,

Et, debout sous le vent, ont la sinistre allure

Des mornes désespoirs et des accablements.
Comme un prince très vieux dont la tête vacille

Sous le poids des longs jours, le bouleau maigre et blanc,

Haut et d’argent vêtu, se dresse somnolent

Dans une majesté vaguement imbécile.
Les peupliers ardus ont l’air d’âpres chercheurs

Que sèche la pensée et qu’alanguit le rêve,

Qui, vers l’azur tendus, y poursuivent sans trêve

Des nuages volants les mortelles fraîcheurs.
Près des sources où dort l’âme errante des fleuves

Qu’ont bus les sables d’or et les soleils jaloux,

Pleure, au front incliné des saules à genoux,

L’immortelle douleur des mères et des veuves.
— C’est qu’ils portent en eux, les arbres fraternels,

Tous les débris épars de l’humanité morte

Qui flotte dans leur sève et, de la terre, apporte

A leurs vivants rameaux ses aspects éternels.
Et, tandis qu’affranchis par les métamorphoses,

Les corps brisent enfin leur moule passager,

L’Esprit demeure et semble à jamais se figer

Dans l’immobilité symbolique des choses.

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La Vie des Morts – La Nature – 02 – Les arbres
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