Mon cheval bute contre des crânes joués à la marelle de la rouille

mon cheval se cabre dans un orage de nuages qui sont des putréfactions de chairs à naufrage

mon cheval hennit dans la petite pluie de roses que fait mon sang dans le décor des fêtes foraines

mon cheval bute aux buissons de cactus qui sont les noeuds de vipère de mes tourments

mon cheval bute hennit et bute vers le rideau de sang de mon sang

tiré sur tous les ruffians qui jouent aux dés mon sang

mon cheval bute devant l’impossible flamme de la barre que hurlent les vésicules de mon sang

Grand cheval mon sang

mon sang vin de vomissure d’ivrogne

je te le donne grand cheval

je te donne mes oreilles pour en faire des naseaux sachant frémir

mes cheveux pour en faire une crinière des mieux sauvages

ma langue pour en faire des sabots de mustang

je te les donne

grand cheval

pour que tu abordes à l’extrême limite de la fraternité

les hommes d’ailleurs et de demain

avec sur le dos un enfant aux lèvres à peine remuées

qui pour toi

désarmera

la mie chlorophyllienne des vastes corbeaux de l’avenir.

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Cheval
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