Indignation

J’aurais bien voulu vivre en doux ermite,

Vivre d’un radis et de l’eau qui court.

Mais l’art est si long et le temps si court !

Je rêve, poignards, poisons, dynamite.
Avoir un chalet en bois de sapin !

J’ai de beaux enfants (l’avenir), leur mère

M’aime bien, malgré cette idée amère

Que je ne sais pas gagner notre pain.
Le monde nouveau me voit à sa tête.

Si j’étais anglais, chinois, allemand,

Ou russe, oh ! alors on verrait comment

La France ferait pour moi la coquette.
J’ai tout rêvé, tout dit, dans mon pays

J’ai joué du feu, de l’air, de la lyre.

On a pu m’entendre, on a pu me lire

Et les gens s’en vont dormir, ébahis…
J’ai dix mille amis. Ils ont tous des rentes.

Combien d’ennemis ?… Je ne compte pas.

On voudrait m’avoir aux fins des repas,

Aux cigares, aux liqueurs enivrantes.
Puis je m’en irais foulant le tapis

Dans l’escalier chaud, devant l’écaillère ;

Marchant dans la boue, ou dans la poussière,

Je retournerais à pied au logis.
Las d’être traité comme les Ilotes,

Je vais m’en aller loin de vous, songeant

Que je ne peux pas, sans beaucoup d’argent,

Contre tant de culs user tant de bottes.

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Indignation
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