Wladislas III

Wladislas III

SURNOMMÉ LE VARNÉNIEN

(1424-1444)

CHANT HISTORIQUE

(Traduit littéralement du polonais)
En quelque sorte que ce soit, il ne

lui fut jamais possible de faire retourner le Roy

; car il estimoit trop indigne

du lieu qu’il tenoit et du sang dont il

estoit sorty, qu’on l’eust veu desmarcher

un seul pas en arrière.
Tant que vers le soir, son cheval ayant

par les janissaires esté tué sous luy, fut

à la fin mis à mort ce très valeureux et

invincible Prince, digne certes d’une plus

longue vie.
BLAISE DE VIGENERE, Les Chroniques

et Annales de Pologne, 1573.

Une grande journée en Pologne connue,

Ce fut lorsque naquit à Jagellon un fils :

Toute la nation célébra sa venue

Avec de joyeux cris.
En ce temps-là Witold, achevant de soumettre

Les Russiens du Wolga combattus vaillamment,

Revint, et salua le jeune roi son maître

D’un tendre embrassement.
Soulevant hautement l’enfant à tête blonde,

Il dit ceci : « Seigneur de la terre et des cieux,

Faites que ce cher prince en tous pays du monde

Devienne glorieux. »
Ici l’on apporta des cadeaux de baptême.

Witold donna les siens, et puis dans un berceau

Coulé de pur argent il déposa lui-même

Le petit roi nouveau.
Il l’élevait à bien défendre la patrie ;

Mais la mort, quand l’enfant eut douze ans, l’emporta,

Et Jagellon le vieux s’en allant de la vie,

Sur son trône il monta.
Des viles passions il évita l’empire,

De Chobry dignement il suivit le chemin ;

Il tint l’État en bride, et le sut bien conduire

Avec sa forte main.
Ceux de Poméranie, et ceux de Moldavie,

Et ceux de Valachie, en foule accouraient tous

Comme à leur roi, devant son trône, à Varsovie,

Plier les deux genoux.
Voyant comme c’était un prince grand et brave,

Pour avoir son appui, le peuple des Hongrois

Lui fit porter en pompe, ainsi qu’un humble esclave,

La couronne des rois.
Son pouvoir s’affermit ; et lorsque dans Byzance

Le trône des Césars chancelle, près de choir,

Rome et le monde entier dans sa seule vaillance

Mettent tout leur espoir.
Son nom roule et grossit ainsi qu’une avalanche ;

Aux Turcomans domptés il fait mordre le sol,

Devant ses pas vainqueurs avec lui l’aigle blanche

Porte en tous lieux son vol.
Quand il prit son chemin par le pays des Slaves,

Ceux-ci, voyant pareils leur langage et leur foi,

Sous le joug étranger fatigués d’être esclaves,

Le saluèrent roi.
Trop heureux si, content de régner avec gloire

Sur les peuples nombreux à son trône soumis,

Il eût su maîtriser ses ardeurs de victoire

Comme ses ennemis.
Le fidèle conseil souvent lui disait : « Sire,

Assez comme cela ; c’est assez de hauts faits.

Vaincre est beau ; mais la gloire est plus grande, à vrai dire,

Qu’on gagne dans la paix. »
Mais Rome parlait haut à couvrir ce langage ;

Le monde l’appelait ; et, de tout oublieux,

Il part, et, sous Varna, contre les Turcs engage

Un combat périlleux.
Les plus terribles coups, épouvante et mort pâle

Allaient dans la mêlée où son glaive avait lui,

Et tous ceux que touchait sa cuirasse royale

Tombaient fauchés par lui.
Pour finir le combat que sa valeur prolonge,

Les Spahis, à grands cris, contre lui fondent tous,

Et dans son front privé du casque la mort plonge

Avec leurs mille coups.
Wladislas est tombé. Sous sa pesante armure

La terre pousse un triste et sourd gémissement.

Mort, la menace vit encor sur sa figure

Crispée horriblement.
Comme le Marcellus d’Auguste et de Livie,

Qui ne fit que briller sur le monde et mourut,

Notre Varnénien, dans l’Avril de sa vie,

Brilla, puis disparut.
Avril 1834.

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Wladislas III
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