S’il était vrai

S’il était vrai

Qu’une fleur des jardins ou qu’un arbre des prés

Pût conserver quelque mémoire

Des amants d’autrefois qui les ont admirés

Dans leur fraîcheur ou dans leur gloire

Notre amour s’en viendrait

En cette heure du long regret

Confier à la rose ou dresser dans le chêne

Sa douceur ou sa force avant la mort prochaine.
Il survivrait ainsi,

Vainqueur du funèbre souci,

Dans la tranquille apothéose

Que lui feraient les simples choses ;

Il jouirait encor de la pure clarté,

Qu’incline sur la vie une aurore d’été,

Et de la douce pluie aux feuilles suspendue.
Et si, par un beau soir, du fond de l’étendue

S’en venait quelque couple en se tenant les mains

Le chêne allongerait jusque sur leur chemin

Son ombre large et puissante, telle qu’une aile,

Et la rose leur enverrait son parfum frêle.

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S’il était vrai
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