Quand j’ose voir Madame, Amour guerre me livre

Quand j’ose voir Madame, Amour guerre me livre,

Et se pique à bon droit que je vay follement

Le cercher en son regne ; et alors justement

Je souffre d’un mutin temeraire la peine.
Or me tiens-je loing d’elle, et ta main inhumaine,

Amour, ne chomme pas : mais si aucunement,

Pitié logeoit en toy, tu devois vrayement

T’ayant laissé le camp, me laisser prendre haleine.
N’aye-je pas donc raison, ô Seigneur, de me plaindre,

Si estant loing de feu, ma chaleur n’est pas moindre ?

Quand d’elle pres je suis, lors tu dois faire preuve
De ta force sur moy ; mais or tu dois aussi

Relascher la rigueur de mon aspre soucy :

Trop mortelle est la guerre où l’on n’a jamais tresve.

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Quand j’ose voir Madame, Amour guerre me livre
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