Écrit pendant le siège – Le Chien perdu

Quand on rentre, le soir, par la cité déserte,

Regardant sur la boue humide, grasse et verte,

Les longs sillons du gaz tous les jours moins nombreux,

Souvent un chien perdu, tout crotté, morne, affreux,

Un vrai chien de faubourg, que son trop pauvre maître

Chassa d’un coup de pied en le pleurant peut-être,

Attache à vos talons obstinément son nez

Et vous lance un regard si vous vous retournez.

Quel regard ! long, craintif, tout chargé de caresse,

Touchant comme un regard de pauvre ou de maîtresse,

Mais sans espoir pourtant, avec cet air douteux

De femme dédaignée et de pauvre honteux.

Si vous vous arrêtez, il s’arrête, et, timide,

Agite faiblement sa queue au poil humide.

Sachant bien que son sort en vous est débattu,

Il semble dire : – Allons, emmène-moi, veux-tu ?

On est ému, pourtant on manque de courage ;

On est pauvre soi-même, on a peur de la rage,

Enfin, mauvais, on fait la mine de lever

Sa canne, on dit au chien : « Veux-tu bien te sauver ! »

Et, tout penaud, il va faire son offre à d’autres.
La sinistre rencontre ! et quels temps sont les nôtres

Et quel mal nous ont fait ces féroces Prussiens,

Que les plus pauvres gens abandonnent leurs chiens

Et que, distrait du deuil public, il faille encore

Plaindre ces animaux dont le regard implore !
Octobre 1870.

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