La Sagesse des griffons

C’était la nuit ardente et le retour du bal ;

Vaincue et triomphante et chastement lascive,

Elle disait d’un ton de bien-être : J’ai mal !…

Les roses s’effeuillaient sur sa tête pensive

Où murmurait encor l’âme des violons ;

Son pied avait parfois un spasme mélodique.

Le mouchoir de dentelle au bout de ses doigts longs

Glissait ; et sur les bras du fauteuil héraldique,

Ses bras minces et blancs s’allongeaient mollement,

Nus, et laissaient tomber le fragile corsage,

Si bien que, sur le sein, à chaque battement,

L’ombre qui rend songeur se creusait davantage

Dans la blancheur de sa chair de camélia.

Mais soulevant ses bras, lianes odorantes,

Lentement sur mon col, douce, elle les lia,

Et soupira : Toujours ! de ses lèvres mourantes.

Sur sa tête d’enfant penchée au poids des fleurs

Le dossier droit et haut montait lourd de ténèbres,

Et sur sa nuque folle aux neigeuses fraîcheurs

Les Griffons lampassés prenaient des airs funèbres,

Car ils remémoraient, en de calmes ennuis,

La longue obsession de leurs regards de chêne :

Les bras évanouis des anciennes nuits

Qui tous voulaient jeter une éternelle chaîne,

Insensés ! sur le cou docile de l’aimé,

Ne sachant pas qu’au fond des demeures affreuses,

Tout seuls, pliés en croix sur le sein accalmé,

Ils s’en iraient où vont les bras des amoureuses.

Car les Griffons debout au chevet féodal,

Chimériques témoins de mes belles chimères,

S’étaient enfin lassés d’entendre, après le bal,

Les serments éternels des bouches éphémères.

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La Sagesse des griffons
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