Les Stalactites

Comme un collier sans fin s’enchaînant goutte à goutte

Les étincelles d’eau qui perlent à la voûte,

S’y sculptent d’elles-mêmes en nuage argenté,

Et donnent pour coupole, à ce temple enchanté,

Un ciel de marbre blanc semé d’astres de neige.

Les songes ciselés des piliers de Jumiège

Dorment là sans lumière, attendant nos flambeaux.

Les panneaux ouvragés des gothiques tombeaux,

Ces nielles de fleurs, ces milliers d’arabesques

Dont l’Espagne a brodé ses églises moresques,

Demeurent là sans air, sans témoins, sans soleil.

Ces trésors, dont le jour respecte le sommeil,

Sont petit-être les pleurs de l’esprit de la terre,

Qui poursuit dans la nuit son oeuvre solitaire.

A quels miracles d’homme ici-bas comparer

Ce chaos d’où le monde est encore à tirer ?

Ne ressemble-t-il point au rêve du poète,

Demi-dieu prisonnier, dont la fièvre inquiète

Fuit le stérile éclat qui brûle nos chemins,

Et travaille, dans l’ombre, invisible aux humains ?

Vous admirez les fruits, que l’imprudent hasarde !

Qu’est-ce auprès cependant des richesses qu’il garde,

Nuages merveilleux de chefs-d’oeuvre perdus,

Comme un brouillard de l’âme au cerveau suspendus !

Ces ombres de prodige à nos yeux interdites,

Et du génie en deuil pensives stalactites,

Ces grappes de trésors sous nos fronts déposés,

Ce sont peut-être aussi des pleurs cristallisés.

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Les Stalactites
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