Afin de louer mieux vos charmes endormeurs…

Afin de louer mieux vos charmes endormeurs,

Souvenir que j’adore, hélas! et dont je meurs,

J’évoquerai, dans une ineffable ballade,

Aux pieds du grand fauteuil d’une reine malade

Un page de douze ans aux traits déjà pâlis.

Qui, dans les coussins bleus brodés de fleurs de lis,

Soupirera des airs sur une mandoline,

Pour voir, pâle parmi les flots de mousseline,

La reine soulever son beau front douloureux,

Et surtout pour sentir, trop précoce amoureux,

Dans ses lourds cheveux blonds, où le hasard la laisse,

Une fiévreuse main jouer avec mollesse.

Il se mourra du mal des enfants trop aimés ;

Et, parfois, regardant par les vitraux fermés

La route qui s’en va, le nuage qui passe,

La voile sur le fleuve et l’oiseau dans l’espace,

La liberté, l’azur, le lointain, l’horizon,

Il songera qu’il est heureux dans sa prison,

Qu’aux salubres parfums des forêts il préfère

La chambre obscure et son étouffante atmosphère.

Que ces choses ne lui font rien, qu’il aime mieux

Sa mort exquise et lente, et qu’il n’est envieux

Que si, par la douleur arrachée à son rêve,

La reine sur le coude un instant se soulève

Et regarde longtemps de ses yeux assoupis

Le lévrier qui dort en rond sur le tapis.

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