À la mémoire de J.-N. Bienvenu

Ta tombe est maintenant morose et solitaire,

Ô Bienvenu, modeste ouvrier du devoir.

Et, seul, tu sens la neige et les frimas pleuvoir

Sur la terre où tu dors au fond du grand mystère.
Pourtant nul ne t’oublie, ô patriote austère,

Indomptable frondeur des abus du pouvoir ;

Et, devant ceux du jour, on s’étonne de voir

Ta plume se rouiller et ta bouche se taire.
Mais ta tâche est finie, ami, repose en paix

Sous les ombrages lourds et les gazons épais

Qui bientôt renaîtront au cimetière agreste.
Ne t’inquiète plus des luttes d’ici-bas :

Nous te succèderons dans les mêmes combats ;

Car, si tu n’es plus là, ton exemple nous reste !

(1885)

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