On les voit chaque jour

La société peut se diviser en gens qui ont plus de dîners que d’appétits et en gens qui ont plus d’appétits que de dîners.

Chamfort.
On les voit chaque jour, filles-mères, souillons,

Béquillards mendiant aux porches des églises,

Gueux qui vont se vêtir à la halle aux haillons,

Crispant leurs pieds bleuis aux morsures des bises ;

Mômes pieds nus, morveux, bohèmes loqueteux,

Peintres crottés, ratés, rêveurs humanitaires

Aux coffres secoués de râles caverneux,

Dans leur immense amour oubliant leurs misères ;

Les rouleurs d’hôpitaux, de souffrance abrutis,

Les petits vieux cassés aux jambes grelottantes

Dont le soleil jamais n’égaye les taudis,

Clignant des yeux éteints aux paupières sanglantes

Et traînant un soulier qui renifle aux ruisseaux;

- Tous, vaincus d’ici-bas, – quand Paris s’illumine,

On les voit se chauffer devant les soupiraux,

Humer joyeusement les odeurs de cuisine,

Et le passant qui court à ses plaisirs du soir

Lit dans ces yeux noyés de lueurs extatiques

Brûlant de pleurs de sang un morceau de pain noir :

Oh! les parfums dorés montant des lèchefrites!

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On les voit chaque jour
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