Sur les tuiles où se hasarde

Le chat guettant l’oiseau qui boit,

De mon balcon une mansarde

Entre deux tuyaux s’aperçoit.
Pour la parer d’un faux bien-être,

Si je mentais comme un auteur,

Je pourrais faire à sa fenêtre

Un cadre de pois de senteur,
Et vous y montrer Rigolette

Riant à son petit miroir,

Dont le tain rayé ne reflète

Que la moitié de son oeil noir ;
Ou, la robe encor sans agrafe,

Gorge et cheveux au vent, Margot

Arrosant avec sa carafe

Son jardin planté dans un pot ;
Ou bien quelque jeune poète

Qui scande ses vers sibyllins,

En contemplant la silhouette

De Montmartre et de ses moulins.
Par malheur, ma mansarde est vraie ;

Il n’y grimpe aucun liseron,

Et la vitre y fait voir sa taie,

Sous l’ais verdi d’un vieux chevron.
Pour la grisette et pour l’artiste,

Pour le veuf et pour le garçon,

Une mansarde est toujours triste :

Le grenier n’est beau qu’en chanson.
Jadis, sous le comble dont l’angle

Penchait les fronts pour le baiser,

L’amour, content d’un lit de sangle,

Avec Suzon venait causer.
Mais pour ouater notre joie,

Il faut des murs capitonnés,

Des flots de dentelle et de soie,

Des lits par Monbro festonnés.
Un soir, n’étant pas revenue,

Margot s’attarde au mont Breda,

Et Rigolette entretenue

N’arrose plus son réséda.
Voilà longtemps que le poète,

Las de prendre la rime au vol,

S’est fait reporter de gazette,

Quittant le ciel pour l’entresol.
Et l’on ne voit contre la vitre

Qu’une vieille au maigre profil,

Devant Minet, qu’elle chapitre,

Tirant sans cesse un bout de fil.

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La mansarde
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