O brises flottantes des cieux,

Du beau Printemps douces haleines,

Qui de baisers capricieux

Caressez les monts et les plaines !
Vierges, filles d’Eole, amantes de la paix,

La Nature éternelle à vos chansons s’éveille ;

Et la Dryade assise aux feuillages épais

Verse aux mousses les pleurs de l’Aurore vermeille.
Effleurant le cristal des eaux

Comme un vif essaim d’hirondelles,

De l’Eurotas aux verts roseaux

Revenez-vous, Vierges fidèles ?
Quand les cygnes sacrés y nageaient beaux et blancs,

Et qu’un Dieu palpitait sur les fleurs de la rive,

Vous gonfliez d’amour la neige de ses flancs

Sous le regard charmé de l’Epouse pensive.
L’air où murmure votre essor

S’emplit d’arome et d’harmonie :

Revenez-vous de l’Ionie,

Ou du vert Hymette au miel d’or ?
Eolides, salut ! O fraîches messagères,

C’est bien vous qui chantiez sur le berceau des Dieux ;

Et le clair Ilissos d’un flot mélodieux

A baigné le duvet de vos ailes légères.
Quand Theugénis au col de lait

Dansait le soir auprès de l’onde,

Vous avez sur sa tête blonde

Semé les roses de Milet.
Nymphes aux pieds ailés, loin du fleuve d’Homère,

Plus tard prenant la route où l’Alphée aux flots bleus

Suit Aréthuse au sein de l’étendue amère,

Dans l’Ile nourricière aux épis onduleux,
Sous le platane où l’on s’abrite

Des flèches vermeilles du jour,

Vous avez soupiré d’amour

Sur les lèvres de Théocrite.
Zéphyros, Iapyx, Euros au vol si frais,

Rires des Immortels dont s’embellit la Terre,

C’est vous qui fîtes don au pasteur solitaire

Des loisirs souhaités à l’ombre des forêts.
Au temps où l’abeille murmure

Et vole à la coupe des lys,

Le Mantouan, sous la ramure,

Vous a parlé d’Amaryllis.
Vous avez écouté, dans les feuilles blotties,

Les beaux adolescents de myrtes couronnés,

Enchaînant avec art les molles reparties,

Ouvrir en rougissant les combats alternés,
Tandis que drapés dans la toge,

Debout à l’ombre du hallier,

Les vieillards décernaient l’éloge,

La coupe ornée ou le bélier.
Vous agitiez le saule où sourit Galatée,

Et, des Nymphes baisant les yeux chargés de pleurs,

Vous berçâtes Daphnis, en leur grotte écartée,

Sur le linceul agreste, étincelant de fleurs.
Quand les vierges au corps d’albâtre,

Qu’aimaient les Dieux et les humains,

Portaient des colombes aux mains,

Et d’amour sentaient leurs coeurs battre,
Vous leur chantiez tout bas en un songe charmant

Les hymnes de Vénus, la volupté divine,

Et tendiez leur oreille aux plaintes de l’amant

Qui pleure au seuil nocturne et que le coeur devine.
Oh ! combien vous avez baisé

De bras, d’épaules adorées,

Au bord des fontaines sacrées,

Sur la colline au flanc boisé !
Dans les vallons d’Hellas, dans les champs Italiques,

Dans les Iles d’azur que baigne un flot vermeil,

Ouvrez-vous toujours l’aile, Eolides antiques ?

Souriez-vous toujours au pays du Soleil ?
O vous que le thym et l’égile

Ont parfumés, secrets liens

Des douces flûtes de Virgile

Et des roseaux Siciliens,
Vous qui flottiez jadis aux lèvres du génie,

Brises des mois divins, visitez-nous encor !

Versez-nous en passant, avec vos urnes d’or,

Le repos et l’amour, la grâce et l’harmonie !

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Les éolides
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