Marie, baisez-moi ; non, ne me baisez pas

Marie, baisez-moi ; non, ne me baisez pas,

Mais tirez-moi le coeur de votre douce haleine ;

Non, ne le tirez pas, mais hors de chaque veine

Sucez-moi toute l’âme éparse entre vos bras ;
Non, ne la sucez pas ; car après le trépas

Que serais-je sinon une semblance vaine,

Sans corps, dessus la rive, où l’amour ne démène

(Pardonne-moi, Pluton) qu’en feintes ses ébats ?
Pendant que nous vivons, entr’aimons-nous, Marie,

Amour ne règne pas sur la troupe blêmie

Des morts, qui sont sillés d’un long somme de fer.
C’est abus que Pluton ait aimé Proserpine ;

Si doux soin n’entre point en si dure poitrine :

Amour règne en la terre et non point en enfer.

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Marie, baisez-moi ; non, ne me baisez pas
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